Chirurgie esthétique, J'ai peur

Face au bloc opératoire, la peur est là. Tenace. Ces craintes sont-elles justifiées ? Peut-on les canaliser ? Les réponses de spécialistes.

Vous avez peur

... de l'opération : L'acte chirurgical et tout ce qui l’accompagne inquiète. Normal ? "La peur est légitime et je m'inquiéterais d'un patient qui n'aurait aucune crainte", répond Naila Fermand. C'est au chirurgien "qu'il appartient de rappeler toujours et sans cesse à nos patients que dans chirurgie esthétique, il y aie mot chirurgie et que cela implique tout un cortège de dangers, de risques et d'insatisfactions", ajoute Luc Roff. Les chirurgiens le disent, tant mieux car les arguments vantant les mérites de la chirurgie esthétique ne manquent pas. Les risques sont parfois minorés, les peurs, raisonnées un peu trop vite.

... Que sa rate : Le résultat inesthétique, le ratage évident, c'est la grande crainte des candidates à la chirurgie. Le risque existe. Il est faible mais pas nul. Les raisons ? Ignorance, erreur technique et négligence. S'adresser à un chirurgien qualifié diminue ce danger.

... des complications : La chirurgie esthétique se pratique chez des personnes en bonne santé. Du coup, les complications aux conséquences graves, éventuellement vitales, sont exceptionnelles. Mais elles existent, plus ou moins sérieuses selon l'opération. Une coque se forme en réaction à une prothèse ou reconstruction mammaire. Une nécrose se déclare suite au remodelage du ventre ou des seins. « Je pense tout le temps aux complications possibles », reconnaît Marie France.

Tout chirurgien en rencontre. L'important est de savoir les anticiper pour les prévenir au mieux et les gérer en temps et en heure. » Les plus redoutées, phlébite et embolie pulmonaire, sont prévenues par des traitements anti-coagulants. « Je n'essaie pas d'être rassurant, je n'influence pas mes patients. J'explique tout lors de la consultation », souligne-t-il. Une bonne communication avec son chirurgien réduit le risque de complications. Vos souhaits, vos interrogations, vos antécédents médicaux, dites-lui tout. En période postopératoire, appelez-le au moindre soupçon.

... d'être déçue / que je ne me plaise pas : Fréquente, cette crainte se dissipe a priori par un long dialogue avec le plasticien. « Il faut être très clair sur ce que l'on peut attendre de l'opération, ses promesses et ses limites », dit Bruno Guichard. Car l'insatisfaction naît souvent d'un surinvestissement de l'opération. En attendre trop ou plus qu'elle ne peut apporter conduit tout droit à la déception. Selon Bruno Guichard, "la crainte d'être insatisfait est (...) due à un défaut de maturation de la demande. Plus on réfléchit, moins on a de chance de se tromper

... d'obtenir le résultat opposé : Rassurez-vous. Se réveiller avec le contraire de ce que vous désirez est peu probable. Le résultat n'est pas standardisé, mais pas complètement imprévisible. Un chirurgien qualifié et compétent sait le définir dans une certaine "fourchette".

... de ne plus se reconnaître : Quand la chirurgie transforme, son retentissement psychologique est fort. Nouveau nez, nouveaux seins, nouveau ventre, modifient un visage ou une silhouette. Va-t-on assumer sa "nouvelle" image ? "Avant de modifier le corps, il faut connaître l'esprit qui l'anime (...). Ne l'ignorez pas car vous pourriez en souffrir très longtemps", écrit Dani Bernard. S'interroger sur ses motivations et sur les conséquences de l'intervention est essentiel.