Faire l'amour quand on est asthmatique...

On sait que la vie quotidienne des personnes asthmatiques est conditionnée par leur maladie. Parmi les contraintes que les asthmatique doivent faire face est la difficulté à avoir une vie sexuelle. Travail, activités sportives, bien-être au quotidien... on parle régulièrement de la qualité de vie des personnes asthmatiques. Mais on aborde plus rarement les problèmes que cette maladie entraîne sur leur sexualité. Ce sujet semble tout simplement tabou.

Quelques chiffres

Une enquête nationale originale a été menée auprès de trois des asthmatiques. Elle met en lumière le retentissement de l'asthme sur la sexualité des patients.
Parmi les asthmatiques persistants sévère :

• 46 % sont gênés par leur asthme lors des rapports sexuels.
• 38 % se plaignent de difficultés respiratoires,
• 35 % déclarent que cette gêne respiratoire a une incidence sur la réussite de l'acte sexuel, avec ou sans crise.
• 26 % s'économisent lors du rapport sexuel en limitant sa durée (21 %) ou sa fréquence (17 %).
• 25 % sont contraints de s'arrêter au cours de l'acte sexuel, ce qui altère leur plaisir (48 % des asthmatiques sévères),

Les résultats confirment ce témoignage : un patient sur trois éprouve des difficultés à vivre une sexualité épanouie et près d'un patient "sévère" sur deux est gêné par son asthme pendant les rapports, limitant leur durée et leur fréquence.

Des répercursions sur la vie de couple

Les répercussions ne sont pas seulement sexuelles, mais rejaillissent aussi sur la vie de couple. Quelque 48 % des asthmatiques se déclarent inquiets à l'idée de la survenue d'une crise d'asthme, car elle représente pour eux un véritable handicap et une angoisse quotidienne.

Dans les situations les plus extrêmes, ces difficultés conduisent à s'arrêter pendant l'acte sexuel, ce qui altère le plaisir et ne permet pas d'atteindre l'orgasme. Les médicaments de l'asthme ont, eux aussi, un retentissement sur la vie sexuelle. En particulier chez les patients prenant de la cortisone en comprimés.

En effet, la perturbation et l'agitation liées à ce médicament créent une fatigue, qui rend plus irascible et moins disponible pour partager un moment d'intimité avec l'autre.

Il faut en parler et faire tomber le tabou

C'est pourquoi il est primordial de parler à son partenaire de ses difficultés avant d'en arriver à des situations extrêmes de repli sur soi ou de crise au sein du couple. La fuite et les prétextes pour éviter d'être confronté à des situations d'échec ne règlent rien à long terme. L'autre peut alors se sentir rejeté, voire moins aimé. Trouvez le bon moment en fonction des caractères de chacun pour confier à votre conjoint vos problèmes. Pour certains, ce sera après un rapport sexuel "loupé" ; pour d'autres, quand les esprits se seront calmés.

Des conseils pratiques

Sur le plan respiratoire, pour améliorer le confort lors de l'acte sexuel, les personnes asthmatiques doivent adapter leur traitement. Elles peuvent alors renforcer leur traitement de fond et avoir recours au spray de broncho­ dilatateur (type Salhutamol) en prévention de la crise avant un rapport sexuel.

D'un point de vue pratique, « on conseille à la personne qui a du mal à respirer de se mettre sur le dessus ou sur le côté lors du rapport sexuel afin de ne pas subir le poids du partenaire, véritable frein à la qualité du rapport. Mais aussi d'expérimenter de nouvelles positions pour trouver celles où l'on se sent le mieux.

Afin de compenser l'effort que demande l'acte sexuel, l'homme asthmatique peut apprendre à s'attarder aux préliminaires et aux caresses. Il peut aussi se retirer, afin de faire durer la relation sexuelle et ne pas être essoufflé. Si l'on se sent gêné de faire part de ses difficultés à son médecin, on peut aussi se tourner vers un sexologue. Cette thérapie peut apporter des conseils pour améliorer sa vie sexuelle, mais aussi pour renouer le dialogue au sein du couple.