Le nez électronique trie le poisson...
Un laboratoire de l'université de la Rochelle automatise l'evaluation de la fraicheur de la peche.
Bientôt les acheteurs n'auront plus à faire aveuglément confiance aux pêcheurs mais pourront constater scientifiquement cette affirmation, grâce au « eFISH » . Ce prototype, dont le nom signifie Evaluation de la fraîcheur par instrumentation des sens humains, est un « nez électronique » doublé d'une caméra.
Pour chaque lot de poissons, il détecte les composés volatiles corrélés à la fraîcheur et complète l'analyse par des données sur la couleur de la peau. Les criées pourront donc constater en temps réel la qualité des poissons, élément indissociable du prix de vente.
Une analyse en temps réel
Ce prototype a été développé par Pierre Loonis, maître de conférence à l'université de La Rochelle, dans le Laboratoire informatique, image et interaction (L3I). Il intègre au sein d'un seul appareil six capteurs MOS développés par la société toulousaine AlphaMOS, une caméra numérique et les modèles mathématiques assurant l'analyse en temps réel.
Les différents capteurs identifient les molécules chimiques, qui se dégagent du poisson lors du vieillissement des chairs et dont la concentration évolue au fil du temps. Il s'agit en particulier d'aminés, d'ammoniacs ou encore d'alcools. La vision numérique, mise
au point avec la société i2S (Pessac), permet quant à elle d' évaluer l'hétérogénéité des tissus en fonction de la structure musculaire.
Prochain objectif : miniaturiser l'appareil et en augmenter la vitesse
Sorti du laboratoire, l'eFISH est en test au port de pêche Chef de Baie de La Rochelle depuis septembre dernier. Les résultats seront connus dans quelques mois. « L'objectif est d'obtenir un nombre suffisant de donn é es pour affiner les modèles mathématiques et fiabiliser l'appareil » , souligne Pierre Loonis, qui attend maintenant l'aide d'un industriel pour miniaturiser le prototype et en augmenter la vitesse.
Le principe de l'eFISH n'est pas réservé aux poissons. Le laboratoire a des contacts avec le pôle agroalimentaire de Nantes pour appliquer cette technologie aux volailles. Et il n'hésite pas à regarder les applications au-delà des frontières. « Avec une autre technologie de nez électronique, indique Pierre Loonis, nous travaillons sur un appareil de diagnostic testé en Malaisie pour détecter la présence des champignons qui colonisent les palmiers à huile
Les avantages : economie et comptabilité
Les plus : L'analyse technique est réalisée directement dans les criées. Aucun contact direct avec les poissons, le bac passant sous les capteurs et la caméra. La catégorie du poisson est déterminé scientifiquement, la subjectivité est eliminé
Les moins : La complexité de la mise au point d'une technique d'analyse dans l'environnement particulier de la criée : (hygrométrie élevée, temperature basse...) et enfin le temps d'analyse d'un bac est environ de trois minutes donc controle plus long par rapport au contrôle manuel
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